Petr Šesták

Le Burnout

2023 | Host

[Début] ­

Jadis, les gens montraient leurs mains calleuses à leurs maîtres comme preuve qu’ils savaient travailler. Moi, je pourrais te montrer mes mollets robustes, ma peau tendue à craquer, mes veines gonflées. Il n’y a plus d’usines dans cette ville, je ne travaille pas avec mes mains, mais avec mes jambes. J’appuie sur les pédales douze heures par jour ; sur le dos, un cube rouge, bleu, vert ou noir avec le logo de Platforma, pour laquelle je roule à vélo.

 

Où est-ce que tu regardes, abruti !

Ici, personne ne me laisse la priorité à droite. J’en tiens compte, je ne passe pas en trombe. Tu me fais une queue de poisson, mais tu n’avances que de douze mètres avant de devoir t’arrêter dans la file. J’appuie sur la pédale, je te rattrape en quelques secondes et je tapote ta vitre avec la phalange de mon index. Tu tiens le volant, tu pianotes légèrement sur le cuir dont il est couvert, tu as entre cinquante et soixante ans, les cheveux poivre et sel, un genre charismatique, tu quittes ton bureau pour rejoindre ta villa en banlieue, peut-être que ta radio passe de la grande musique ou du rock classique, tu ne te tournes même pas vers moi, tu regardes droit devant toi, tu accélères un peu, tu lâches l’embrayage. Mais tu n’avances que de deux mètres avec toute la file. De nouveau je te rattrape, je frappe à la vitre, je gesticule, je désigne mon bras droit : priorité à droite ! Je m’efforce de ne pas crier, mais même si je criais, tu ne m’entendrais pas à travers la vitre antibruit. À l’intérieur, tu as une chouette climatisation, tes vingt-deux degré été comme hiver, un léger grondement de moteur, le ronron apaisant du ventilateur. Je frappe plus fort, mais tu ne fais que regarder devant toi, tu sais avec certitude que ta vitre résiste à davantage qu’à mon poing. Tu ne me regardes jamais. Pas même quand je te livre ton repas devant ta portière. Tu regardes le sac en papier marqué du logo de Platforma, dans lequel je te le tends. Tu regardes la facture et mon terminal de paiement portatif, pour voir si la somme correspond. Tu relâches lentement l’embrayage et tu appuies sur le champignon. Ton moteur est puissant ; quand tu accélères, il y a un peu de liquide qui sort du pot d’échappement. Plus tard, la pluie le balaiera dans le fleuve.

Le vélo était partie intégrante de mon enfance Dans le temps, ce que lui je trouvais de plus beau, à mon enfance, c’était son caractère provisoire. À chaque nouveau pas que je faisais, je devenais plus adulte. La première fois que je l’ai ressenti, c’est quand on a démonté les roulettes de mon vélo. Je suis vite devenu trop grand pour lui et j’en ai reçu un bien plus imposant pour mon anniversaire. Il avait un guidon élevé et une longue selle, sur laquelle je pouvais faire monter les copains. Mon oncle et moi, on l’astiquait et on l’huilait chez lui, dans son garage. Tu m’as aidé à fixer un bâton de glace au cadre avec un fil de fer, de sorte qu’il effleure les rayons de la roue. J’y tenais, et toi, mon vieux, tu m’as tout de suite compris et tu m’as fait un clin d’œil. Quand je suis sorti fièrement dans la rue, mon vélo faisait exactement le même bruit de casserole qu’une moto et, sur sa selle, je me trouvais terriblement grand. Si j’attendais patiemment encore quelques années, je pourrais conduire une vraie petite moto ! Mais ce ne serait pas encore ça, parce qu’une moto n’a que deux roues. Je ne serais vraiment adulte que quand je passerais mon permis de conduire, quand j’aurais quatre roues et un volant. Je me disais que je devais tenir jusqu’à ce moment-là. Seulement ensuite, quelque chose a sans doute foiré.

Moi, je suis entrepreneur, et mon capital, c’est mon vélo. En apparence, j’offre mes services à Platforma, bien gentiment sur facture, je suis mon propre maître, mon propre commandant. Ça me permet de travailler librement même douze heures par jour, et personne ne me dit quand je dois prendre mes vacances. Mes vacances, je peux les prendre à n’importe quel moment, quand je peux me le permettre. Je construis mon entreprise sur des bases solides : des cuisses vigoureuses, des mollets musclés. La demande est importante et les commandes ne manquent pas, il faut bien que tu manges, mais tu n’as pas envie de bouger ou tu n’en as pas le temps. Moi, je n’ai de temps pour rien d’autre, chaque minute où je ne bouge pas me stresse, chaque minute où je ne bouge pas, je perds du business, et les factures de loyer et d’énergie bruissent dans ma tête. Je mange sur ma selle dans la rue pour que toi, tu puisses manger sur ton siège au bureau, dans ton bureau à domicile, devant ton écran, pour que tu n’aies pas à aller à la cantine ni à savourer inutilement ta nourriture en parlant de tout et de rien avec tes collègues et le personnel. Mais il t’arrive tout de même de savourer ta nourriture, de gratter et de lécher entièrement les récipients en plastique et en polystyrène, il t’arrive d’être civilisé et de tout transvaser dans ta vaisselle en porcelaine. Ta poubelle se remplit vite, mais tu tries presque toujours tes déchets, tu veilles même à ce que les récipients dans lesquels je t’apporte à manger soient compostables. On consomme beaucoup d’énergie et beaucoup d’eau pour leur préparation et leur transport, mais aussi pour le bœuf, la petite viande qu’ils contiennent souvent, alors quoi, ça te donne meilleure conscience que le plastique, donc pour quelle raison ne pas payer un supplément, pour quoi d’autre que la bonne conscience payer aussi un supplément aujourd’hui, toi, le chasseur qui ne cours pas après la nourriture, parce que c’est la nourriture qui te court après. Platforma est ici pour toi et pour moi, nous lui sommes reconnaissants d’être la médiatrice de notre relation harmonieuse, elle te fait plaisir et elle te fait gagner du temps, elle te déleste d’un peu d’argent superflu que tu as gagné en attendant, et moi, elle me prend du temps et une petite partie de l’argent que tu me donnes. Et tout le monde est content. Moi, peut-être que mes forces s’épuisent, mais juste un peu ; toi, au pire, tu restes le même, et Platforma grandit. Et c’est bien ce qui compte pour nous tous.

Une Land Rover gris mat ; sur la porte arrière, un autocollant avec l’emblème national, le lion à deux queues. Sur la plaque d’immatriculation, tu as fait inscrire MONSIEUR RAMBO ; sous le pare-chocs arrière, deux tuyaux énormes d’où s’élève de la fumée noire chaque fois que tu appuies sur l’accélérateur. J’avance tout doucement derrière toi dans la file, j’essaye de ne pas beaucoup respirer, mais d’une manière ou d’une autre, ce n’est pas possible. Je passe de nuage en nuage comme un angelot baroque. Je ne me faufile pas à côté de toi sur le quai. Il faudrait que j’aille sur le trottoir, mais il s’y balade trop de touristes. Ce sera plus rapide d’avancer sans se presser que de zigzaguer entre eux. Le quai est splendide, nous passons près d’un pont très ancien, le plus célèbre monument historique de la ville. Des gens nous barrent la route. Certains n’arrivent pas à attendre le feu vert pour traverser jusqu’à lui, le feu ne change presque jamais de couleur. Et quand cela arrive tout de même, ce n’est que pour quelques instants. Tu aimerais bien redémarrer comme il faut, mais quelque chose te freine. On s’en rapproche à mesure que l’on parvient à contourner une voiture, puis une autre. Enfin, ce quelque chose est juste devant nous ; le bruit d’un véhicule à cheval, une calèche romantique et, à l’intérieur, un couple féérique de touristes, en pleine heure de pointe. Ta Land Rover est juste derrière cette calèche, et moi, je suffoque dans un nuage de fumée, juste derrière ta Land Rover. Toi, à travers les filtres de la climatisation, tu ne sens rien. Mais moi, si. Cette odeur incongrue se mêle aux émanations de ton VTT. La puanteur de l’écurie et du souffle chaud de l’animal. Et du crottin, qu’il lâche de façon totalement incontrôlée dans un sac en cuir spécialement conçu. Beurk ! dit une dame qui passe sur le trottoir, personne ne sait du tout ce qui empeste vraiment. Le moteur de ton VTT finit par rugir comme il faut, de la fumée tourbillonne, la boîte de vitesses automatique passe en seconde, tu allumes tes clignotants et tu doubles cette apparition. Je ne sais pas aller aussi vite, mais je t’imite. Je contourne la calèche et me retrouve au niveau des chevaux. Ils ont des œillères, ils baissent la tête, ils trottent. Ne pas se laisser effrayer par la vision périphérique lorsqu’un capot bien luisant brille à côté, trop près, trop vite. Moi aussi, j’ai appris à ne regarder qu’à un mètre devant moi, par terre, juste au-delà du guidon : juste ne pas trébucher, ne pas tomber dans le canal, si un coup doit venir de quelque part, il viendra, mais en attendant, je ne suis pas étalé sur l’asphalte, sur les pavés, plein de courbatures : je pédale, j’empeste la sueur, parfois je renifle bruyamment.

Étant petit, je connaissais des tas de marques de voitures, c’était la seule chose dans laquelle je surpassais tous mes congénères. La première fois que je suis parti en vacances à l’étranger, je n’étais pas captivé par la mer, mais par tous les modèles de voitures occidentales. J’ai appris plein de nouvelles marques, je l’ai raconté avec enthousiasme, de mon écriture enfantine, sur une carte postale destinée à ma grand-mère. Je regardais toujours à l’intérieur pour découvrir la plus haute valeur de l’indicateur de vitesse. Je comparais les vitesses maximales des différents modèles. Plus ils étaient rapides, mieux c’était. Il ne me venait jamais à l’idée de me demander où j’aimerais aller dans une voiture pareille, à qui j’irais rendre visite. Je ne percevais pas la voiture comme un moyen, mais comme une valeur en soi. Plus elle était coûteuse, rapide, puissante, luxueuse, luisante, plus la valeur sur l’indicateur de vitesse était élevée, plus la capacité du moteur était grande, plus les tuyaux d’échappement étaient gros, plus il y avait de cylindres, plus les pneus étaient larges, et plus sa valeur était élevée. La plus haute valeur, c’était une Jaguar puissante, fonceuse, et en même temps luxueuse et confortable. Une limousine à l’esprit sportif. C’était l’objectif suprême. Je rêvais d’acheter un jour une Jaguar à ma mère. Il fallait que je sois riche pour pouvoir rembourser, par la valeur la plus élevée, la dette de ma naissance, de mon éducation, du fait que j’existais. J’avais converti ma propre valeur en valeur matérielle. Mais cette dette, je ne la rembourserai jamais. Je n’en ai pas les moyens.

Dégage !

Tu roules juste derrière moi, je sens la chaleur de ton moteur, ton impatience, ton envie d’être en tête du peloton. Seulement ici, tu ne peux pas me doubler. Dans un instant, tu ne tiendras plus, tu klaxonneras, à un moment je m’appuierai à fond sur mes pédales, j’irai le plus vite possible dans un endroit où, toi aussi, tu pourras enfin accélérer, et ça me soulagera un peu, je ralentirai un peu le rythme, je me débarrasserai du sentiment de menace. Dans d’autres circonstances, je me retourne et je te fais un doigt d’honneur, je suis ici à ma place autant que toi, connard. J’ai parfois envie de m’arrêter, de mettre mon vélo en travers du chemin et d’aller te casser la gueule. Mais je le fais rarement, on se contente de s’aboyer dessus de chaque côté de la clôture, seulement l’aigre sentiment de haine qui se répand dans notre corps, et son arrière-goût, on l’éprouve encore pendant une heure, parfois toute la journée. Chaque fois, j’ai envie de te casser la gueule, mais en vérité je ne le fais jamais. Des chercheurs ont étudié comment le cerveau réagit aux instruments qu’on utilise. Les participants à l’expérience ont travaillé pendant une heure avec un simple bras mécanique conçu pour le ramassage de menus déchets. Au bout d’une heure, ils devaient évaluer la distance qui les séparait des objets et dire s’ils les atteindraient ou non. Ils l’évaluaient beaucoup plus mal qu’avant d’utiliser ce prolongement qu’était le bras mécanique : ils avaient l’impression de pouvoir atteindre des choses plus éloignées, que leur bras était plus long que dans la réalité. L’instrument s’était aussitôt raccordé au cerveau, qui l’avait intégré comme s’il était une partie du corps. Le cerveau avait aussitôt reconfiguré sa perception du monde pour la subordonner à l’instrument. Cette capacité se trouve à la naissance de la civilisation. Chaque jour, tu utilises une voiture : tu en es devenu une. La voiture veut du mouvement, la voiture veut rouler, elle veut rouler aussi vite qu’elle le peut. D’où ces coups de klaxon au touriste, au piéton, aux voitures plus lentes. Sur le trottoir, tu ne soufflerais dans le dos de personne en hurlant : « Dégage ! » Ce n’est pas toi qui klaxonnes, ce n’est pas toi qui veux rouler, tu n’es pas sans égards pour autrui : c’est ton véhicule qui est imprégné de toi, et toi, tu es imprégné de lui. Tu es comme Paco de Lucía quand il joue de la guitare, seulement tu n’es pas Paco de Lucía, et tu ne joues pas de la guitare, tu roules derrière un cycliste, tu te dépêches parce que ton véhicule se dépêche, tu klaxonnes parce que ton véhicule sait klaxonner, tu ne klaxonnes que sur une seule note, imbécile, parce que tu n’as pas choisi le bon. Et ensuite, parfois, tu en descends, tu vas au bureau créer des valeurs, construire le monde, travailler à un avenir meilleur, imposer tes idées, tracer des plans d’urbanisme, bâtir, faire de la politique. Et comme tu es encore une voiture, tu construis un monde de voitures, tu traces des plans de villes pour les voitures, tu fais de la politique pour les voitures.

 

Je t’apporte souvent à manger. Tu habites un quartier fort apprécié des jeunes et de la bohème artistique, mais de celle qui n’a sûrement pas de soucis d’argent. Au dernier étage. Sur ta porte, tu as mis un autocollant : « ECO-le alternative des Arts Appliqués ». Je sonne. Tu entrouvres la porte ; à l’intérieur, de la musique, des conversations, on sent parfois du haschich, vous réglez l’avenir de la planète. Tu me prends le sac plein de nourriture mise dans des tonnes d’emballages, évidemment compostables, tu payes par carte, tu dis merci, mais tu ne me regardes pas, tu ne me regardes jamais. Ou peut-être que tu me regardes, même que tu me souris toujours, peut-être qu’il y a aussi une certaine courtoisie dans la conversation, tu simules un intérêt, tu regardes, tu me souris, mais tu ne me vois pas absolument pas et tu souris parce que ta vie est remplie de bonheur. Moi, je te regarde, et tu me plais, ton appartement me plaît, ça me plaît que tu aies aussi souvent des visiteurs, tu es si populaire, je goûterais bien tous les plats que tu commandes toujours aux entreprises les plus tendance et les mieux notées sur Platforma. Il y a d’ordinaire un peu d’exotisme ; en majeure partie : Proche-Orient, Méditerranée, Asie du sud-est, Japon ou des assortiments modernes. Toujours quelque chose aussi pour les végétariens, et même pour les vegans, mais aussi de la viande. Tu as l’esprit ouvert. D’habitude, ça me tracasse et je perds un peu de temps, je dévale les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée, je m’assieds sur les marches et je lis sur l’application de Platforma la présentation des restaurants où tu as passé ta commande. Ils ont des photos professionnelles, des logos très travaillés, des noms et descriptions spirituels et ludiques. Mais si je devais me commander à manger, je le ferais quelque part où toi, tu le fais. Tu payes par carte, mais tu as toujours de la monnaie prête pour moi. Tu refermes la porte. « ECO-le alternative des Arts Appliqués. »

Est-ce que tu te souviens encore de moi ? Tu habitais dans la même rue, il y avait là toute une bande, un gang du quartier. Chacun avait un véhicule : trottinette, draisienne, bicyclette. Tous avaient deux roues, seul le tien en avait quatre. Tu avais des parents riches et une petite berline russe Moskvitch à pédales, avec carénage en fer blanc, réflecteurs, quatre roues, un siège et un volant. Les parents pouvaient laisser de tels véhicules se pourchasser dans la rue, car hormis ta Moskvitch à pédales et la vraie Moskvitch de tes parents, quasiment aucune voiture ne passait dans notre quartier. Il était évident que ce devait être toi, le chef du gang. Tous t’admiraient naturellement, tous voulaient te transporter au moins un instant et toi, il t’arrivait d’être méprisant et d’abandonner l’un ou l’autre au bout de quelques minutes. Moi aussi, tu me permettais de profiter de ta Moskvitch, comme c’était génial d’avoir quatre roues et un volant, comme c’était exaltant de la faire démarrer et de s’enivrer des regards envieux des autres. Tu souhaitais ce sentiment à chacun des membres du groupe, parce qu’ensuite tous t’en admiraient d’autant plus, ils s’apercevaient d’autant mieux du caractère inébranlable de ta position, tu les maintenais dans la conscience que c’était rudement bien de rouler en Moskvitch, d’avoir un volant, deux essieux, quatre roues et un siège. Tous t’idolâtraient et t’enviaient également. En réalité, du fait de ce privilège, ils ne t’aimaient pas du tout, ils imaginaient parfois en secret qu’une pierre volait et allait vaguement te fendre le crâne. Mais tant que tu avais ta Moskvitch, tout le monde voulait jouer avec toi, tout le monde voulait jouir de ta présence. Je pense que tu l’avais déjà compris, à l’époque : tant que tu l’avais, tu avais aussi des copains, tu pouvais toi-même décider où on allait, ce qu’on ferait, qui pourrait jouer avec nous et qui devait être exclu du gang, qui serait gendarme et qui serait voleur. Tous t’obéissaient. Rien n’a changé depuis ce temps-là ; maintenant, ta voiture est plus grosse, plus performante, plus rapide, plus luxueuse, plus adulte. Elle te permet d’être juriste, maire, homme d’affaires, huissier de justice, manager, directeur. Tu lui dois beaucoup, tu le sais : sans elle, personne ne t’aimerait, personne ne voudrait jouer avec toi, personne ne voudrait jouir de ta présence, ta femme te quitterait, tes amis te laisserait face contre terre, mais pas question, tu n’as jamais le droit d’y renoncer, à ta Moskvitch, tu dois toujours en avoir une meilleure, plus grosse, quand bien même tu devrais écraser père et mère. Si tu la perdais, c’est toi qui t’en porterais le plus mal. Tous arrêteraient de t’admirer et il ne resterait que de la haine. Si tu ne te maintiens pas en première position, tu resteras à la dernière. Je te plaindrais presque. Alors appuie sur le champignon, ne freine jamais, ne te retourne jamais, roule.

 

Traduit par Christine Laferrière