face au mur
notre avenir a été
ravagé d’avance
il fait presque noir dans un coin
se tient une femme un peu plus jeune
avec un poignard
face au mur
tatouée tendue
pieds nus en robe rouge
au-dessus du genou dès que
tu entres elle se retourne elle a
les yeux noirs elle dit notre
présent
est une trahison
tu remarques qu’elle pleure il fait
presque noir dans un coin se tient
sur la pointe des pieds
une femme un peu plus jeune
face au mur
tatouée tendue
pieds nus en robe bleue
au-dessus du genou dès que tu entres
elle se tourne elle a les yeux bleus
elle dit je commence et
je continuerai jusqu’à la mort tu la vois
sourire
il fait presque noir
tu te tiens près de la fenêtre
dehors le blizzard fait rage
tu ne dors pas de la nuit
tu samples la neige
ce coton blanc
la main gauche de l’obscurité
encore une fois tout
autrement je saute du train
la nuit est pure
douze onze
il neige encore
tout soit l’un soit l’autre
dix neuf huit j’ajoute
une carte encore une fois tout tout sept
six oui une chambre d’hôtel
cuba libre guitares évangile
à l’écran l’étoile du berger
oui cinq quatre login mot de passe
encore une fois tout autrement
je saute encore une fois du train sous une nouvelle
identité un nouveau rythme
un nouvel hypakoë
passion du christ
samedi matin ville de l’unique
instant au buffet de la gare
tu laisses un peu
de thé par la vitre tu aperçois les épaules
de la femme qui est de notre côté
le dernier train approche tu enfiles
ton manteau sur les réseaux les nouvelles
défilent les œufs de dragon nous les passons dit-on
en contrebande depuis les îles grecques nous sommes dit-on
contre l’amour
dans ta poche tes doigts sentent un coupe-papier
tu passes rapidement près des militaires en faction
l’après-midi tu descends dans la ville aux étendards
tu vas prendre un kebab
tu pries tu remues les lèvres imperceptiblement
dehors tu voles
un cheval tu as un rendez-vous important
avec un ange blanc danseur quelle est
la différence entre
l’ordre et le chaos tu me demandes
dans ton dernier mail il y a tant de questions
dépourvues de sens
dans le fracas des trains je te vois d’ici
t’allumer une
cigarette sur le quai ta correspondance est en
retard une fois de plus
le printemps a émergé comme un
poisson rouge d’une rivière là-bas d’où
nous sommes là-bas d’où nous venons
la femme qui est de notre
côté réapparaît dans la ville
à la soupe de chou-fleur elle tente
de se glisser dans un casier à la consigne
tu passes tu fais
un signe secret personne ne
remarque rien les militaires regardent
la télé on joue un match important
les bûchers
il ne se passe pas une journée sans qu’ils
n’exécutent quelqu’un en pleine
rue l’uniforme bleu signifie
la mort en passant surveille
tes arrières mais n’aie pas peur car
sinon tu seras vaincu par bélial
lorsqu’on t’a retrouvé la première fois dans ce désert
de glace on t’a dit
d’aimer le moindre mal comme toi-même
de te laisser caresser la nuque
du dos de la lame n’aie pas peur même s’ils
ont des yeux de serpent marche ne ralentis pas
fais comme si tu ne savais pas ce qu’ils veulent comme si
tu ne comprenais pas leurs paroles
marche ne ralentis pas n’aie pas peur
de lancer un cri un éclair
de planter ta cuiller dans le circuit
imprimé le
moment venu tu es
plus fort qu’eux n’aie pas peur de rester sur
la route il ne se passe pas une journée sans qu’ils
n’attirent à eux quelqu’un même
toi ils ont
failli t’avoir tu marches
dans la rue d’une ville où
personne ne brise les vitres tu es
comme dans un demi-sommeil surveille
tes arrières mais n’aie pas peur
il ne se passe pas une journée
sans qu’ils ne vendent quelqu’un tu continues de marcher
sur une plaine qui attend encore
son passé tu vois
un sanctuaire les noms d’anciens héros
il paraît qu’on n’a pas le droit de parler de toucher
les autels d’or marche pose doucement les pieds prends
un marteau ou un pinceau et de la peinture
la première tâche consiste
à se débarrasser de tout ce qui nous empêche
de voir la lumière
la seconde tâche consiste à déclarer
la guerre à la mort
ils disent que personne n’a encore inventé
un monde meilleur alors
marche ne ralentis pas n’oublie pas
d’observer les points de force prie aux
endroits importants
ils t’attendent ils veulent
te briser ils disent que personne n’a encore
inventé un monde meilleur ils ont
des yeux de serpent
tu marches dans la rue d’une ville où
ça sent l’essence les gens
allument des bûchers ils ont peur
du moindre mouvement
mets dans tes cheveux
de la peinture rouge ce sera
le signe
cartographie 1
il y a des choses que tu n’atteins
à coups de clics qu’en y mettant toute ta
force oui je reviens vers
le début mais ce n’est que maintenant que
tout s’éclaire
les sujets dont on
ne parle pas les nouvelles
codées de retour
au début
il suffit d’un petit changement
d’une légère éraflure déplacer
une chaise dans une autre pièce ou
quand il se remet à
pleuvoir dehors il suffit d’avoir une fois
laissé la fenêtre ouverte il suffit d’essayer
de respirer un peu différemment il suffit
de se taire quelques instants et tout de suite il faut redessiner
les cartes des trois mondes sur les feuilles j’interviens
avec un feutre vert je plonge les mains
dans la terre j’ai besoin de descendre
sous la surface de clarifier les choses
de crier ma
révolution n’est pas de ce monde
on ne peut lutter contre le capitalisme
que la prière
aux lèvres mais dis-le comment elle sera demande-lui
d’arriver je plonge les mains dans la terre il poussera quoi
si je plante une épine il poussera
quoi si je plante un os d’agneau
dans quelques jours c’est le début des festivals à cette période
je prépare déjà mon
histoire je plonge les mains dans la terre j’ai besoin
de descendre sous la surface de clarifier les choses d’enjamber
une rivière quelque chose de me souvenir de la
miséricorde divine
chaque point cardinal a
ses animaux et ses couleurs je suis fatigué
du siècle des lumières des cravates trop serrées surtout
de beaucoup parler et de faire comme si
on savait je suis fatigué du siècle des lumières des immeubles
froids des quadrillages symétriques
il y a des choses que tu n’atteins
à coups de clics qu’en y
mettant toute ta force
je prépare mon
histoire mes coordonnées
mes coups autrefois je croyais
qu’il suffisait de choisir le rouge ou le bleu
on peut faire autrement il y a
des eaux souterraines des clés de rechange
une lame de rasoir cachée dans un gant blanc trick or
treat clairement descendre
sous la surface clairement
voir toutes les fibres autrefois je croyais qu’il
fallait tout faire
correctement comme en allemagne surtout ne pas
éclater de rire au mauvais
moment autrefois je croyais que tout
irait mieux avec des meilleures règles de meilleurs
raccourcis clavier de meilleures listes
on peut faire autrement
je plonge les mains dans la terre il poussera quoi si
je plante une vieille pièce de monnaie il faut tout de suite
redessiner les cartes
des trois mondes
dublin
l’heure est venue d’attaquer les cordes
enfin quelqu’un l’a dit tout haut appelons
les choses par leur nom deux personnes
se sont croisées au bord de la mer l’une maintient
la tête de l’autre sous l’eau
dernières paroles enterrez
mon cœur dans les docks de dublin
autres dernières paroles
enterrez mon cœur derrière
ce fil barbelé
l’obscurité se fraye un chemin jusqu’à la surface enfin quelqu’un
l’a dit tout haut appelons les choses par leur nom
dans les docks de dublin il y a des grues qui travaillent
l’ouvrier du port pense à la mort
et après le boulot deux
trois bière avec vue sur
la surface aujourd’hui menaçante demain sans doute plus tendre
appelons les choses par leur nom cauchemar
l’autre personne te maintient la tête sous l’eau
elle mesure le temps autre cauchemar
un paysage couvert de bruyère et de barbelés partout
du fil barbelé partout tu n’iras nulle part
tu tues un mouton d’un coup de pierre tranchante
il te reste encore enfin quelqu’un l’a dit tout haut
liberté de pensée danses folkloriques deux trois bières avec vue
l’heure est venue la mer ne respire pas sur la porte
quelqu’un t’a écrit un message venimeux
les jours les plus courts de l’année
c’est une onde de choc une opération
clandestine en chambre on parle justement de
systèmes régimes il y a même
des centaures des fées des lutins et quelques réplicants je suis assis
sur le rebord de la fenêtre je bois un cuba libre ce sera
la fin du monde tel que nous le connaissons et
c’est bien comme ça nous nous coupons
la parole c’est une maison rouge une alerte
rouge une pilule rouge une chambre dans la pénombre
des sons effrayants venus d’en bas
des tracts rouges des lampes
de lave sur les murs des affiches de halle berry
tout porte à croire qu’il est trop tard
et les arbres dehors
se dressent nus tout de même mais nous
envoyons des messages un autre monde est possible
au lieu d’une signature toujours notre
code secret j’ai entendu dire que l’espoir
est dangereux et aucun
changement n’est pour le mieux mais nous
nous cabrons c’est
une onde de choc c’est la vie dans le sens
de la victoire sur la mort c’est
une maison rouge une alerte rouge un carton
rouge j’ai entendu dire que
j’étais un extrémiste et c’est bien comme ça je suis assis
sur le rebord de la fenêtre je bois un cuba libre je parle de
la présence de dieu dans le corps même
ce sont les
jours les plus courts de l’année
nous nous retrouvons dans l’obscurité et
un froid pénétrant nous allumons la télé
pour qu’on n’entende pas du palier de quoi
nous parlons nous nous coupons la parole
les jours les plus courts de l’année la meilleure
boisson la pratique la plus claire
je ne suis qu’un homme au
bord d’un ravin je suis un nom
au bord d’une page j’imagine
que je tombe dans l’eau et coule au fond
ou au contraire
que je monte vers le soleil il est couleur
de brique ou de sang comme une maison rouge
une alerte rouge une pilule rouge j’ouvre
les yeux je suis assis sur le rebord d’une fenêtre je bois
un cuba libre il y a des instants où
la haute trahison est la meilleure
chose à faire je dis de parti pris nous nous coupons
la parole je touche le radiateur
il est froid comme toute notre ville
nos traces
dans la neige forment des cercles notre
code secret nous nous coupons la parole
des chambres de conspirateurs des lampes de lave
sur les murs des affiches de halle berry tout
porte à croire qu’il est trop tard mais
nous n’abandonnons jamais chacun
a dans le cœur le plan d’un chemin de croix chacun
au plus profond
désire la vie
dans le sens d’un franchissement de l’ombre notre ville tout entière est
une zone en guerre et c’est pourquoi nous restons
j’ouvre les yeux une maison rouge une alerte rouge
un fil rouge
ce sont les jours les plus courts
de l’année nous nous retrouvons
dans l’obscurité et un froid pénétrant
nous allumons la télé pour qu’on n’entende
pas du palier de quoi nous parlons
nous nous coupons la parole
les jours
les plus cours de l’année les plus belles
aurores boréales
il faut que tu fasses
un pas de côté
altaï
je n’avais jamais réalisé combien j’avais
de vies sexe forêts et vidéo montagnes
et amour last minute paroles
loups et renards montagnes cartes mon dieu tu sais
tout ce qu’il nous reste encore à surmonter
à supporter à
endurer le vent m’empêche presque de bouger mon dieu
tu sais à quel point ça fait mal quand
tu ralentis c’est le matin il fait presque encore nuit moi
shadow sous un masque de cuir je découpe
des trous dans la glace tu n’échapperas pas au froid le vent
m’empêche presque je cherche une chambre
indépendante et non traversante à la montagne je cherche
du travail je cherche au moins
un bout de chemin je cherche des perles des plumes
le vent m’étouffe presque je n’avais jamais
réalisé combien j’avais de
frustrations de fait sur l’autre
rive de notre sœur rivière pour l’instant la plus jeune
sœur sorcière prépare un bhang le vent dicte
mon dieu tu sais je pense à la plus haute
montagne aux horizons moi névrosé
l’après-midi j’affûte une hache je cherche
une chambre indépendante et non traversante
je cherche la vérité je cherche
ce que je peux la porte noire est close mon dieu
tu sais tout ce qui sera dans le vent
je me perds à moi-même la rivière
louve dort c’est le matin il fait froid tu n’oublieras
pas le froid
j’irai où tu iras je resterai
où tu resteras et
tant que tu n’arrêteras pas de monter les marches
n’arrêteront pas non plus
je pense tu penses
nous pensons à nous-mêmes
hier soir le vent a arraché un volet c’est le matin
il fait presque encore nuit moi tireur picabia je marche
dans la chambre pour me réchauffer mon dieu tu sais
comme il est parfois difficile de penser à toi comme le froid
est parfois cruel que le vent
m’étouffe presque je ne peux pas parler je tombe dans
la neige mon dieu tu sais je cherche une chambre
indépendante et non traversante sans blizzard sans
pierres tranchantes au fond je cherche la foi l’espérance la forêt
je cherche un miroir pour
pouvoir m’assurer que je suis bien moi pour
sentir si c’est bien toi je cherche un bout de métal
les possibilités du dialogue slash du conflit
ma génération est pleine à craquer mon dieu tu
sais à quel point ça fait mal
Traduction de travail Benoît Meunier