Magdaléna Platzová

La vie après Kafka

2022 | Argo

1954 : Los Angeles

 

Des trois bénédictions de Hanoukka, elle en a retenu deux : Baroukh ata Ado-naï, Elo-hènou, melekh ha-olam, asher qidéshanou be-mitsvotav, vètzivanou le-hadlik ner ‘Hanouka et Baroukh ata Ado-naï, Elo-hènou, melekh ha-olam, ché-assa nissim laavoteinou ba-yamim ha-hem ba-zéman ha-zé. Elle arrive aussi à retrouver les deux premières strophes du chant Puissante citadelle de mon salut, qu’ils chantaient chez eux en allemand. Mais en même temps elle oublie où elle a rangé les factures du médecin, la liste des commissions et si elle est sortie aujourd’hui ou non. Évidemment, elle retrouve les prières en hébreu entendues dans son enfance.

Ce court-circuit qui lui a traversé le cerveau, un épisode léger à en croire le docteur, a dû raviver des connexions depuis longtemps inutilisées, et en mettre hors service ou paralyser d’autres.

Sur la table, sous les couvercles soigneusement recouverts d’un torchon pour leur éviter de refroidir, se trouvent des gâteries : du rôti de bœuf, les pommes de terre rissolées aux oignons que Joachim aime tant, du chou saupoudré de chapelure. Un plat creux contient des beignets fourrés à la confiture et des biscuits aux amandes, elle en a fait tout un tas. Elle rangera le reste dans une boîte et Joachim les remportera à New York, que les enfants aient quelques douceurs pour Noël. Elle leur a fait un véritable Stollen allemand à la pâte d’amande.

Sur le buffet, le seul meuble qui lui reste de leur magnifique salle à manger berlinoise, est placé, sur un napperon bordé de dentelle, le chandelier en argent de Hanoukka qui lui vient de sa grand-mère de Neustadt. Sa mère l’a emporté quand ils ont déménagé à Berlin, il se trouvait à la place d’honneur dans l’armoire vitrée. C’est une antiquité qui date peut-être du dix-huitième siècle.

Neustadt in Oberschlesien, la ville où elle a grandi. Les gens du cru l’appelaient Fränkelstadt, du nom du vieux Fränkel, le bâtisseur de l’usine de textile. De nos jours, elle s’appelle paraît-il Prudnik.

 

* * * * *

 

Les souvenirs lui reviennent. La petite mercerie qu’elle adorait, avec son parfum douceâtre de boîtes en carton, de boutons et de fils. Le parfum des kolatchs au pavot, des écorces de citron et du pain frais à la boulangerie sur la place, des cornichons et du café chez l’épicier voisin qu’on appelait Weisenstein le boiteux, pour le distinguer de l’autre Weisenstein, propriétaire des pompes funèbres. Tous les habitants de la petite ville avaient un surnom. Et le parfum des pavés après la pluie, et des feuilles tombées dans le parc de la ville. Et celui de la cire chaude et de l’huile, à la synagogue où sa maman l’emmenait. Dans le couloir de leur maison, régnait l’odeur des pommes de terre et du charbon stockés à la cave, de viande rôtie, de chou cuit et de pommes. Il y avait aussi la puanteur omniprésente de la fumée et le bruit de l’usine textile de Fränkel et Pinkus, où des machines à vapeur activaient jour et nuit des métiers à tisser géants.

Il paraît que tous les Juifs ont disparu de Neustadt in Oberschlesien qui s’appelle désormais Prudnik. C’est Sofi qui le lui a dit. Elle l’a su par Max. Neustadt n’existe plus. Même la synagogue de Fränkel, joyau de la ville, brûlée pendant la nuit de cristal, a été démolie après la guerre. Elle figurait sur les cartes postales avec l’inscription Gruss aus Neustadt Ob. Schl. à côté de l’usine, de la place centrale avec sa colonne mariale et de la fontaine du parc. Celle-ci était de style mauresque, tandis que l’usine était néogothique, principalement en briques rouges.

L’usine fonctionne toujours, paraît-il, propriété désormais de l’État polonais. On n’a rien restitué aux anciens possesseurs qui, outre la plus grande fabrique textile d’Europe, avaient aussi bâti l’essentiel de la ville, y compris les écoles, l’hôpital, les bains, la bibliothèque et le parc.

La jeunesse de Prudnik part-elle encore en balade à la Montagne du Château le samedi après-midi ? Mange-t-on encore de la truite au restaurant du lac ? Et la fanfare joue-t-elle encore, dimanche après le déjeuner, dans le kiosque du parc de la ville ?

 

* * * * *

 

Barou’h ata Ado-naï Elo-hénou mélè’h Haolam chéhé’heyanou vekiyemanou vehiguianou lizmane hazé.

Joachim achève la troisième bénédiction qui s’énonce avant l’allumage des cierges seulement le premier soir de la fête de Hanoukka.

Il a allumé le chamache, et avec le chamache, le premier cierge. Il a récité sans se tromper la prière qui suit l’allumage. Il se souvient de tout cela depuis des années. Mais c’est Felice seule qui a entonné Puissante citadelle de mon salut, il ne s’est pas joint à elle.

Ils se sont assis face à face à la table de fête, et Joachim a attaqué le repas avec délectation. Chez sa mère, il trouve toujours tout meilleur que n’importe où ailleurs. Nina Perel fait des efforts, elle suit les recettes de Felice, mais ce n’est pas ça. Felice doit ajouter à ses plats quelque chose dont elle ne partage pas le secret.

– Je me demande ce que devient Leo, Weinberger, c’était son nom n’est-ce pas ? Celui qui est parti en Palestine. Car son père était chantre. À une époque, vous étiez les meilleurs amis du monde, tu filais toujours chez les Weinberger. Tu as de ses nouvelles ? Comment va-t-il ?

– Il est devenu un ponte au gouvernement, je ne sais pas, nous ne nous sommes pas écrit depuis longtemps. De toute manière, il ne m’a jamais pardonné mon lâchage, comme il disait. Moi, je n’appelle évidemment pas ça un lâchage. J’ai grandi et j’ai quitté la foi comme en enfant quitte ses langes.

– Moi, je fais de nouveau mes prières avant de m’endormir, dit Felice. On s’endort mieux ensuite. Tu te souviens comme je vous apprenais le Shema Israël, à Lily et à toi ? Je vous en aurais appris davantage, mais il n’y avait rien à faire avec votre père. Il n’allait pas tirer ses enfants vers le Moyen-Âge, il était allemand, européen, un point c’est tout.

– Pour cela, il avait raison. Pourquoi se mettre la corde au cou quand on peut être libre ?

– La liberté, ce n’est pas pour tout le monde. Il faut s‘ancrer à quelque chose.

– Comment va Lily ? Je ne lui ai pas parlé depuis une éternité. Elle m’a envoyé une photo. Sa petite se fait vraiment belle. Elle ressemble à qui, d’ailleurs ?

– Elle est venue me voir. Toute seule. Elle veut divorcer, elle dit qu’elle ne peut plus supporter tout ça. Mais elle dépend entièrement de ce type. Évidemment. Elle ne sait rien faire ! Elle n’a même pas terminé l’école. Maintenant, elle s’est dit qu’elle allait faire vendeuse ou femme de ménage, elle dit qu’elle va s’en sortir. Est-ce que tu imagines ?

– Pourquoi pas ?

– Tu crois qu’elle tiendra longtemps ?

– Toi aussi, maman, tu t’en es toujours tirée. Souviens-toi. Quel âge avais-tu quand tu as appris à masser ? Et quand tu as ouvert ta boutique ? Lily est encore jeune, non ? Elle peut apprendre n’importe quoi.

– Mais moi, j’ai travaillé toute ma vie, Jo, sauf ces quinze années où ton père nous a fait vivre. Lily n’a jamais travaillé. Et elle ne s’est jamais vraiment intéressée à la vraie vie. Tout était pour elle comme un rêve. Elle se figurait toujours tout à sa manière et ensuite elle était déçue quand ça n’avait pas marché. Elle n’a jamais écouté les conseils.

– Je la plains.

– Moi aussi. Mais je ne peux pas la prendre ici.

– Elle a demandé à s’installer chez toi ?

– Avec la petite. Elle dit qu’elle ne lui demandera rien, à lui, elle fait encore sa fière. Mais où les mettrais-je ici, tu peux me dire ? J’ai une pièce, la chambre à coucher, et je peux à peine me retourner dans la cuisine tellement elle est petite. On se marcherait dessus. Et je n’ai pas d’argent, mes économies sont parties chez les docteurs, j’ai du mal à joindre les deux bouts. Je ne me plains pas, je ne demande rien à personne. Mais je ne peux pas les prendre en charge. Je ne peux plus.

– Maman…

– Quoi donc ?

Joachim rêve-t-il, ou quelqu’un est-il assis à la table avec eux ? L’ombre d’une silhouette inclinée balance sa tête en rythme, comme si elle était en train de réciter.

Il ferme les yeux et quand il les rouvre, l’ombre a disparu.

Felice regarde fixement ses mains posées sur la nappe.

– Que son malotru s’occupe d’elle, d’ailleurs c’est son devoir. Voilà ce que je lui ai dit. Et elle s’est vexée.

Elle commence à débarrasser la table.

– Donne, je vais le porter à la cuisine.

Il s’est levé pour l’aider, mais elle l’a fait rasseoir d’un signe de main.

– Ressers-toi de vin. Non, pas pour moi, je n’en veux plus. Et tu peux fumer. J’aérerai ensuite.

Elle a ramassé les assiettes vides et disparu derrière la tenture qui sépare le coin cuisine de la pièce. Il remarque qu’elle boite un peu, certainement aussi la conséquence de l’AVC. Il faut qu’il l’interroge à ce sujet. Sa mère a beaucoup vieilli depuis qu’Elsa est morte et qu’elle est restée seule.

De la cuisine lui parvient le tintement de la vaisselle et le bruit de l’eau qui coule. Il sait qu’elle est énervée et qu’elle ne veut pas parler. Il la laisse tranquille. Un quart d’heure environ se passe, pendant lequel il fume en silence et Felice se tait derrière la tenture. Quand elle se remet à parler, elle est déjà calmée.

– Tu veux du café ?

Il n’arrive pas à exprimer la raison de sa visite.

Sa mère pense qu’il est venu la voir parce que c’est le début de Hanoukka et que Noël approche. Elle a tricoté des pullovers pour les enfants et Nina Perel, avec des bonnets assortis, elle a pour eux une boîte de gâteaux et trois pots de confiture d’oranges et elle se réjouit que Joachim les leur apporte en personne.

Il n’a pas voulu lui gâcher son plaisir.

Mais lorsqu’il s’assied pour déjeuner le matin de son départ et que Felice lui apporte un œuf mollet et un toast, il sait qu’il ne peut plus remettre la chose à plus tard.

– J’y pense, maman. J’ai eu un appel des éditions Schocken Books.

– Ils t’ont appelé ? Qui leur a donné ton numéro ?

– Je suis dans l’annuaire, maman.

– Et qui t’a appelé ?

– M. Schocken.

– Hmm.

– En fait il voudrait te parler, à toi, mais il ne sait pas s’il peut te déranger, il paraît que tu l’as déjà envoyé promener une fois. Alors il s’est adressé à moi.

– C’est déjà réglé.

– Maman, écoute-moi.

– Ça ne te concerne en aucune sorte. Cela ne concerne personne d’autre que moi. C’est mon affaire personnelle.

– Pas tout à fait, maman.

– Comment ça ? Ce sont mes lettres ou non ? Cet homme me faisait confiance. Il ne voudrait sûrement pas que quelqu’un d’autre les lise.

– Mais comment peux-tu savoir que ça le dérangerait ? M. Schocken dit que…

– Moi, je l’ai connu. Ce n’est pas le cas de M. Schocken, que je sache.

– D’ailleurs tu en as combien, de ces lettres, maman ?

Elle s’est levée sans mot dire, a ouvert le buffet, s’est baissée et a tiré d’un compartiment une grande boîte marquée Bata. Quand elle l’a posée, peut-être trop brusquement, à côté du beurre et de pot de marmelade, la table a tremblé.

– Les voilà, mon fils. Voilà ces fameuses lettres. Et elles restent là.

– Schocken propose une grosse somme pour les acheter, maman. Huit mille dollars. Il dit qu’il peut se le permettre, maintenant parce qu’il a reçu l’argent des restitutions allemandes. Huit mille, ça te serait utile, non ? Maintenant que tu ne peux plus travailler. Pense aussi à toi. C’est une occasion. Écoute, comment vois-tu l’avenir, d’ailleurs ? Bien sûr, tu peux toujours venir chez nous, mais…

– Je n’y tiens pas.

– Mais que vas-tu faire ? Je ne peux pas t’envoyer de l’argent régulièrement, régler les docteurs. J’ai la maison à payer, j’ai ma famille.

– Mais je ne vous demande rien, mon fils. Je n’ai jamais rien demandé à personne. Et ne me crie pas dessus.

– Maman, s’il te plaît. Il est vrai qu’il a failli crier. Pourquoi est-elle si têtue ?

 

* * * * *

 

Il ne lui a pas dit toute la vérité sur son entrevue avec Schocken. En fait, l’éditeur Schocken l’a appelé pour lui annoncer, de son ton abrupt qui n’admettait aucune objection, qu’il devait venir le lendemain déjeuner avec lui au Voisin, le restaurant français sur Park Avenue.

Lorsqu’il est arrivé, à midi et demie précise, le vieux monsieur était déjà attablé, il buvait de l’eau en l’attendant. Il avait été le seul à parler pendant l’essentiel du déjeuner et lorsque son jeune interlocuteur essayait de placer un mot, il l’écoutait poliment sans réagir à ses paroles. Peut-être était-il un peu sourd et ne voulait pas le laisser paraître.

Pendant que Joachim mangeait son steak frites et lui son poisson aux haricots verts (il déjeunait légèrement sur ordre du médecin), il lui narra toute son anabase dans un allemand magnifique, presque archaïque.

Comment il avait d’abord confié à Max Brod, avec qui il était en contact étroit, le soin d’écrire à Felice.

Ensuite lui-même, Schocken, lui avait écrit. Cela faisait plus de deux ans qu’il essayait de la convaincre.

Il ne comprenait pas pourquoi sa mère hésitait tant. Pour elle, il n’y avait aucun risque dans cette vente. Elle ne pouvait qu’y gagner. C’était clair dans le contrat qu’il lui proposait. Elle toucherait l’argent au comptant, mais les lettres seraient conservées dans un coffre, avec d’autres précieux manuscrits, et ne seraient publiées que cinq ans après sa mort.

Quand Schocken en aurait terminé avec elles, il les remettrait aux archives de l’Université hébraïque de Jérusalem qu’il a lui-même aidé à fonder jadis et sur laquelle il garde toujours une main protectrice.

Kafka n’aurait-il pas voulu cela ?

Pendant ces deux années où il a tenté de la convaincre, Felice ne lui a répondu qu’une fois, de façon brève et par un refus. Les lettres de Kafka étaient très personnelles, avait-elle dit, et elle ne se sentait pas autorisée à les rendre publiques. Ensuite, elle n’avait plus réagi.

Schocken, qui tenait manifestement beaucoup à obtenir ces documents, lui dit qu’il avait surtout peur que Felice ne les détruise avant sa mort. Que pouvait-elle envisager d’autre ? Ce serait une perte irremplaçable, terrible, non seulement pour sa maison d’édition, mais pour toute la littérature. Qui sait si elle ne les avait pas déjà détruites ? Il fallait agir, et au plus vite.

De plus, divers imposteurs s’étaient maintenant présentés, avait poursuivi Schocken, dont un se faisait même passer pour le fils de Kafka. Il se nommait Appelbaum. Il avait eu le toupet de se présenter à la maison d’édition. L’histoire de ses origines avait beau être plus que discutable, même ainsi, il pouvait compliquer les choses.

Il était rare que lui, Salman Schocken, demande un service à quelqu’un.

Mais il serait vraiment reconnaissant à Joachim de l’aider. Qu’il se rende à Los Angeles et parle à sa mère. Évidemment, il allait le défrayer du voyage. Qu’il voie de ses propres yeux si ces lettres existent encore et combien il y en a. Car personne ne les a vues, pas même Max Brod.

Ce n’était pas une prière, mais un ordre, et Joachim avait acquiescé docilement.

 

* * * * *

 

Et voilà que la boîte avec l’inscription Bata est posée sur la table entre eux. Son estomac se serre.

– Je peux regarder ?

– Pourquoi pas ?

Il soulève prudemment le couvercle. Elles y sont, même avec les enveloppes, liées par un ruban vert. Deux grosses liasses. Il referme la boîte.

– Que penses–tu en faire, maman ?

– Qu’est-ce que j’en ferais ? Je mettrai de l’ordre.

– Tu veux les brûler ?

Elle incline sa tête grise sans parler.

– C’est ça que tu veux faire ?

– Ça suffit, maintenant.

– Parce que si tu ne les brûles pas, alors moi, je vais de toute manière les vendre quand tu ne seras plus là. Je ne vois pas de raison pour ne pas le faire.

Elle s’essuie soigneusement les mains dans sa serviette en tissu et elle se lève. Elle prend la boîte et l’emporte dans le buffet.

– Voilà, c’est fait. Je fais d’autre thé ?

Il sait qu’il ne sert à rien d’insister davantage, sa mère refuse d’en parler avec lui, un point c’est tout.

Il peut seulement confirmer à Schocken que les lettres existent.

Elle lui a préparé à déjeuner et l’a ensuite emmené à l’aéroport avec les confiseries et les pullovers emballés dans du papier multicolore.

Dans la voiture, elle le remercie encore d’être venu, ça lui a fait une grande joie.

Il se sent tout honteux.

Felice s’est toujours gardée de scènes émouvantes, ses adieux étaient rapides et pragmatiques. C’est aussi le cas cette fois-ci. Elle ne l’a pas accompagné dans l’aéroport, elle s’est contentée de sortir de la voiture, de l’étreindre brièvement et de l’embrasser sur la joue.

– Que Dieu te protège. Allez, vas-y.

Il a fait quelques pas et il s’est retourné.

Elle n’est pas montée en voiture et n’est pas partie comme d’habitude. Elle se tient encore debout près de l’ancienne Ford, une main dans la poche de son manteau bleu, l’autre levée en guise de salutation. Le vent venu de l’océan a fait glisser de sa tête son foulard vert, et dépeigné ses cheveux gris…

Il lui fait un signe de la main et il se retourne pour suivre son chemin. Vers l’avion, et son retour à la maison décorée pour Noël et peut-être même sous la neige, où l’attendent Nina Perel et les enfants.

Il s’est retourné encore une fois, elle était toujours là, debout. Et soudain, pourtant, il l’a vue morte. Couchée sur le dos, la tête tournée du côté droit, les yeux fermés, une mèche de cheveux gris couvrant sa bouche.

 

Traduit par Barbora Faure